(C’est pas un test il n’y aura pas de note à la fin calmez vous)

Le moment qui m’a le plus marqué dans Cyberpunk 2077 était les funérailles de mon meilleur ami. Alors que chaque personnage était en train de faire face à son deuil, ils ont arrêté d’être des amas de pixels pour devenir de vraies personnes le temps d’un moment triste et joyeux à la fois, un moment de recueil et de souvenir. Puis je suis sorti de ces dernières et j’ai vu une voiture tomber du ciel et je me suis rappelé que ah oui, c’était un jeu vidéo légèrement claqué au sol.

Cyber-Bugs

Cyberpunk 2077 est un jeu sorti le 10 décembre 2020 développé par CD Projekt Red, les développeurs de The Witcher 3. Ayant joué à ce dernier à sa sortie je me rappelle de quelques bugs, notamment dans les phases de discussion, mais rien qui n’était au niveau de ce jeu. Alors oui on va commencer directement par les choses qui fachent, ce jeu n’est pas fini, il a été sorti sans sa phase de polish par une équipe de développeurs extenuée dirigée par un management incompétent. Outre les nombreux bugs des versions PC, l’état absolument lamentable des versions PS4 et Xbox One n’est tout simplement pas tolérable.

Coucou.

Lors de mes 37h30 de jeu j’ai pu découvrir que les voitures rentraient dans le sol, les PNJ se mettent tous à genoux dans la même animation quand je fais un double saut, certains vendeurs se prennent pour Kitty Pryde et passent à travers les murs, l’IA des policiers est risible comparée à GTA et mon personnage en vue à la troisième personne est chauve dès que je met un couvre-chef, ce qui a ruiné un des moments censé être dramatique de la mission finale du jeu.

Tout est normal.

Mais les bugs disparaîtront bien un jour, au fur et à mesure de patchs et de hotfix, beaucoup espèrent que Cyberpunk fasse une No Man’s Sky et se retaille une réputation de bon jeu après des années de patchs, ce qui sera surement le cas, le souci principal du jeu n’est pas les bugs, il est à la racine même de ce dernier.

Cyber-Immersion

Cyberpunk 2077 à été vendu comme un jeu immersif, et du côté des graphismes, on ne va pas rechigner, c’est beau. La Direction Artistique et la technique présentent Night City comme un des plus beau monde fait ces derniers temps dans un Jeu Vidéo.

Il faut l’avouer, ça claque.

Le souci c’est que contrairement à ce que beaucoup pensent, il ne faut pas que des graphismes pour faire un jeu vidéo, il faut aussi que le reste tienne la route. CD Projekt a vendu ce jeu comme une immersion totale dans Night City en tant que V. Un personnage que l’on peut modeler comme on le veut depuis la couleur de ses cheveux jusqu’à ce qu’il ou elle possède entre les jambes. Le jeu final est… Witcher 3 avec des flingues. On va être clairs, peu importe quel choix de Lifepath vous faites pour votre V, cela ne changera strictement RIEN à la quête principale et ne rajoute que du fluff lors de certains dialogues.

Il est joli hein ? Ben vous le verrez que dans les miroirs et en conduisant des bagnoles à la 3ème personne.

Car V n’est pas un personnage vide dans lequel le joueur peut se glisser, il est, comme Geralt avant lui, une personne qui a des buts et ambitions propres et qui ne laissera pas le joueur le guider comme il le veut. Donc exit vos grands rêves de rejoindre telle ou telle faction et grimper les rangs, vous serez toujours un mercenaire et pourrez au mieux choisir de trahir votre employeur pour gagner plus de cyber-pognon. En parlant de cyber-pognon, je ne lui ai pas trouvé beaucoup d’utilité au-delà des implants, acheter des armes ? Ça ne sert à rien on en trouve 300 après chaque combat. Acheter des objets de heal ? On peut les crafter. Acheter un nouvel appartement ? On peut pas. Acheter une nouvelle tête ou coupe de cheveux ? On peut pas non plus, encore et toujours cette impression d’inachevé dans une ville essayant de se pousser au plus près du réel.

Cyber-Dissonance (Spoilers)

Car le plus gros problème de Cyberpunk c’est le simple fait qu’il soit un open world alors que son histoire n’y est pas du tout adaptée. La quête principale de Cyberpunk se rappelle au joueur même lorsque ce dernier ne veut pas s’y intéresser, car V est mourant. Il est dans une course contre la montre afin de trouver un moyen de retirer la puce contenant une copie digitale de Johnny Silverhand qui est en train de le tuer. Et donc même si vous allez faire n’importe quoi d’autre vous aurez de temps à autres des crises de douleurs provoquées par le fait que votre personnage a une cyber-tumeur dans la tête, et ceci pendant TOUT LE JEU.

Donc d’un côté la quête principale nous dit de sauver V avant qu’il meurt et de l’autre la map fourmille de points d’intérêt digne de n’importe quel open world Ubisoft, et ce sont souvent des contrats qui vous demanderont de passer dans un repaire remplis d’hostiles, leur piquer quelque chose ou les tuer et passer à autre chose. Certes, il y a également des quêtes secondaires bien écrites mais ces dernières sont en sous-nombre comparés aux contrats.

Sérieusement vous pouvez différencier les quêtes secondaires intéressantes et les contrats copié-collé sur cette map ?

Et l’histoire de ce Cyberpunk est franchement intéressante, bien écrite avec des personnages attachants avec chacuns leur personnalité et motivations propres. Le jeu brille le plus dans ces moments ou il oublie d’être un open world et vous laisse juste découvrir son histoire. Et là se trouve la dissonance de Cyberpunk, il essaie de lier une histoire intimiste avec beaucoup de moments sur des rails avec un open world fourmillant de choses aléatoires à faire. C’est une belle dissonance ludo-narrative des familles qui aurait pu être réglée simplement en en faisant un open world limité a zones à la Deus Ex ou Stalker, ca aurait permis de concilier les quêtes secondaires intéressantes et l’histoire sans rajouter tout le contenu nécessaire à un open world.

T’es bien écrit et tout mais t’es pas dans le bon type de jeu mon pote.

Cyber-Conclusion

Au final, est-ce que je recommanderais Cyberpunk 2077 ? Dans son état actuel, non, il est buggé du cul, et même exempt de bugs il a des problèmes fondamentaux qui rognent son ambition. Et surtout, la concurrence au niveau des RPG n’est plus la même qu’auparavant. Vous voulez un RPG immersif et joli ? Kingdom Come est aussi joli et a des PNJ qui ne sont pas en carton pâte. Vous voulez un RPG bien écrit ? Disco Elysium est un jeu excellemment bien écrit et qui n’a pas peur de parler de politique. Vous voulez un jeu Cyberpunk ? Les derniers Deus Ex sont mieux maîtrisés niveau gameplay et narration.

Au final ce Cyberpunk sera juste un jeu correct qui aurait pu être tellement plus, et c’est dommage.