Salut à tous. C’est le Spooky Month, le mois de l’horreur, de la paranoïa, de la creepiness et des meme sur Mariah Carey qui dégèle

Quoi de mieux pour vous parler d’un jeu que j’adore beaucoup après l’avoir terminé récemment et probablement mon jeu de l’année 2023 (je suis lent à finir les jeux d’horreur oui). Il s’agit bien sûr de Alan Wake 2. Asseyez vous, prenez un chocolat chaud ou tout autre boisson de votre choix, mettez votre meilleur thème de Twin Peaks on va en parler.

Paysage de Bright Falls dans le jeu Alan Wake 2

Alan Wake et l’enfer du développement

Reprenons depuis le début. Le premier Alan Wake est un jeu qui a eu une communauté culte avec son inspiration Twin Peaks, ses concepts déjà très méta sur les artistes, la souffrance internalisée et subie par leurs proches quand le processus créatif bloque. Ceux y ayant joué se rappelleront surtout au dela de l’excellente histoire un gameplay un peu bancal entre combats répétitifs, puzzles parfois simplets ou bien trop compliqués et phases narratives un peu basiques pour Remedy qui avait habitué a bien mieux avec les jeux Max Payne et leur présentation sous forme de Comic Book. Derrière le rideau le jeu à été fait dans la douleur, passant d’un open world horrifique sandbox au jeu d’action-aventure avec quelques jumpscare dans une ambiance Twin Peaks/Stephen King que l’on a eu.

Alan Wake faisant face à une tornade dans Alan Wake Remastered

Néanmoins, Alan Wake a quand même eu son petit succès mérité rejoignant le club des jeux considérés comme “culte” et obtenant plusieurs portages ainsi qu’un remaster. Mais Remedy n’aura pas eu une tâche facile à continuer la série après le cliffhanger de la fin du premier. Microsoft n’étant pas trop chaud avec les multiples tentatives abortées dues au manque d’intérêt pour une suite à un jeu de 2010 dont la sortie était de plus en plus éloignée.

Mais après le retour aux formes de Remedy avec l’excellent Control, beaucoup ont senti le vent tourner, surtout quand ce dernier se décidait à lancer un univers étendu avec Alan Wake, les références, caméos et surtout le DLC entièrement dédié au retour du personnage dans cet univers via ces facultés à réécrire la réalité et la narration du monde ont fait sentir un tournant. Il restait cependant encore une grande question. Comment en 2023, 13 ans après un jeu dont la plupart des gens avaient oublié l’existence, est ce que Alan Wake allait revenir ? La réponse était pourtant dans la phrase finale du premier jeu “Ce n’est pas un lac, c’est un océan”, ils allaient faire un OVNI vidéoludique.

Alan Wake au dessus marchant sur des pages de manuscrit

Alan Wake 2 et la métanarration

Je ne vais pas parler du gameplay de Alan Wake 2 ici, c’est un Survival Horror qui n’a rien à envier aux Resident Evil à côté desquels il est sorti comparé à son prédécesseur. Je ne vais pas parler de ces graphismes ou de sa DA somptueuse, vous avez les captures d’écran1 et mon assurance que ça tourne comme du beurre si vous tenez les config minimales (normal c’est un vrai moteur 3D, pas de l’Unreal Engine 5). Ce qui m’a choqué, c’est la maîtrise de Remedy de son sujet. Le fait que les 13 ans sans nouvel opus ont été une période de réflexion et d’évolution majeures pour les créateurs, Sam Lake en particulier, qui à réussi à faire mieux que même un Kojima au niveau métanarration en apparaissant exécutant son meilleur pas de danse dans le meilleur niveau du Jeu Vidéo et le moins qu’on puisse dire c’est que eux aussi avaient à dire sur l’état du médium.

Saga Anderson dans Alan Wake 2 observant un tableau d’enquête dans son “antre mental”

Alan Wake 2 est une oeuvre meta dans le plus pur sens du terme, pas seulement dans sa manière de présenter des mélanges d’images en live action et de séquences en 3D que Remedy poursuit depuis Max Payne, mais aussi dans l’expertise avec laquelle il casse les codes du Survival Horror, du jeu narratif et même du Jeu Vidéo en général en étant d’une profondeur rare.

Plus intéressant encore, les niveaux de lecture de Alan Wake 2 sont multiples et complexes, comme avec la pauvre Saga Anderson, agente du FBI ultra compétente qui vient enquêter à Bright Falls avec son collègue Sam Lake Alex Casey. Les deux se retrouvent directement intégrés dans une histoire d’horreur par Alan Wake et tentent essayant désespérément de s’accrocher à une réalité qui se fait réécrire sous leur yeux alors que l’histoire progresse. Au dela de la surface, en creusant on peut bien sûr trouver des des parallèles non plus à Twin Peaks, mais à sa 3ème saison surprise et toute aussi OVNI comparée à ses précédentes, The Return. Mais si je me mets à vous en parler, on va perdre le fil.

Une ligne de métro vide dans Alan Wake 2 “Trouve Alice” est tagué en anglais sur un mur

Le fil est facile à perdre avec Alan Wake 2, plus j’avance et plus je me perds dans cette spirale, à observer, essayer de comprendre ce magnifique univers connecté qui semble avoir été créé pour arriver à ce jeu, il est 00:22 à l’heure ou j’écris ces lignes mais peut être est-il vraiment 21:03 ? Le temps m’échappe, le fil de mes pensées devient confus, prenons un moment pour faire le tour.

Références et Digressions, perdu dans la spirale

Alan Wake 2 est plus qu’une lettre d’amour à son médium et à toutes les création de Remedy, c’est un électrochoc, un jeu qui me pousse à écrire comme si j’étais un critique cinéma ou JV sur youtube avec une voix insupportable, un micro bass boosté et une sponso HOLYVPN.

Il contient cet esprit Remedy que les créateurs eux-mêmes appellent “bizarre”, ce savant mélange entre les ambiances et jumpscare les plus terrifiants et les séquences en live action les plus ridicules mais honnêtes à la fois. Une nouvelle formule pour les jeux AAA/AA perfectionnée depuis la Finlande et surtout il arrive à faire ce que peux de jeux d’Horreur ont réussi depuis lors au dela des indées, il fait une véritable histoire dédiée au milieu.

Saga Anderson observant le paysage de Bright Falls dans Alan Wake 2

Beaucoup de jeux terrifiants n’ont pas une histoire à la hauteur des frayeurs qu’ils proposent, une immensité de l’étrange, du surnaturel qui s’invite dans nos vies. Alan Wake 2 n’est pas un de ceux la, il propose une histoire si eldritchienne, si profonde et bourrée de détails, de points qui peuvent vous perdre dans une histoire si grande qu’il est difficile ou commence et finit cette spirale infernale, où commence l’intention des développeurs et ou s’arrête elle pour laisser passer mon fil de pensée qui devient de plus en plus distordu quand j’y pense, cet océan est si profond et ignoble qu’il est difficile de ne pas penser à ce jeu lorsqu’il me quitte.

Une spirale de théories plus ou moins farfelues sur Alan Wake 2

Cependant, la leçon à garder est qu’il y aura toujours une lumière dans les ténèbres, de la folie la plus profonde, on peut toujours remonter. Les boucles peuvent être brisées, les spirales ont une échappatoire, et même les histoires d’horreur peuvent avoir une fin heureuse, mais il faudra se battre pour l’avoir. Une morale bateau, cependant l’espoir sera toujours nécessaire dans ce monde qui fait de moins en moins sens.

Merci Sam Lake, merci Remedy, jouez à Alan Wake 2. Bisous.

Saga Anderson devant la maison de retraite Valhalla dans Alan Wake 2

Le petit mot des fins (spoilers)

Je n’ai pas envie de parler trop longtemps des gros spoilers ou du plot mais il faut que je vous parle du génie de cacher la vraie fin du jeu dedans et ne la rendre disponible qu’après sa sortie via un New Game +. Ce n’est pas seulement une idée génial de la part de Remedy mais un dernier flip métanarratif comme je les aime, cacher le moyen de briser la boucle définitivement non pas dans une suite mais dans un “soft reboot” du jeu très similaire et différent à la fois pour au final donner ce que les joueurs et les devs attendaient tous, une happy ending pour Alan Wake (avec des réserves quand même). Ça fait du bien de pas attendre mille ans une suite (hein Half-Life 3 ?)


  1. Les images de jeu illustrant cet article sont issus du travail de Discophotomode, je vous encourage à aller checker ça c’est du bon ↩︎